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26/09/2019

Claudie Hunzinger : Les Grands cerfs

claudie hunzingerClaudie Hunzinger, née en 1940 à Colmar dans le Haut-Rhin, est une artiste plasticienne et une romancière. Après des études classiques à Colmar, de 1960 à 1963 elle suit des études supérieures au Lycée Claude-Bernard à Paris, pour le professorat de dessin. Un premier roman remarqué en 1973 (Bambois, la vie verte) suivi de nombreux autres dont celui-ci qui vient de paraître.

Pamina, habite une ferme isolée dans le massif vosgien avec son compagnon Nils. Elle sait qu’elle est entourée par un clan de cerfs évoluant dans le secteur mais ils lui sont restés invisibles jusqu’à ce que Léo, un photographe animalier, construise dans les parages une cabane d’affût et qu’il lui propose de les guetter avec lui. Dès lors sa vie va changer, les cerfs deviennent une obsession pour elle….

J’avais découvert Claudie Hunzinger à l’époque de son premier roman avant d’y revenir bien plus tard avec La Survivance. Dans ce nouveau roman, rien n’a vraiment changé pour les grandes lignes : une maison perdue en pleine nature vosgienne, une narratrice aujourd’hui nommée Pamina - qu’on imagine facilement sous les traits de l’auteure - vivant en couple mais où chacun vaque à ses occupations dans son coin ; Pamina qui se propose d’écrire un livre sur la vie qu’elle mène en pleine nature et sur les cerfs qu’elle va étudier : mise en abîme.

Il est donc beaucoup question des cerfs et si le sort de ces superbes bêtes ne vous passionne pas beaucoup, vous risquez de vous ennuyer un peu. Moi-même, seule l’écriture de Claudie Hunzinger m’autorise, de temps en temps, à revenir la lire, pour le reste…

Roman écologiste et ode à la nature par une écrivaine marquée politiquement par ce que je résumerais sommairement comme « l’esprit de mai 68 », c'est-à-dire une sorte de gentil anarchisme (« Le véritable art, c’est la révolution ») mâtiné de la tentation du Larzac : « je rêvais d’un autre monde » chantait Téléphone, loin des hommes et du monde, les uns conduisant l’autre à sa perte inéluctable comme l’avait prédit René Dumont en son temps (« Nous étions au courant. René Dumont était dans notre sac à dos. »). Pamina va se retrouver déchirée entre son amour immodéré pour ces bêtes et d’un autre côté par les chasseurs et la régulation des hardes par l’ONF qui l’horripilent.

Le livre se partage entre pages magnifiques sur l’environnement, les conditions météo évoluant avec les saisons, la folle quête des cerfs en pleine nuit par tous les temps ; les références littéraires ou plus largement culturelles, abondent. Ces passages sont merveilleux, leur lecture panse les bleus de l’âme avec un effet relaxant comme une poignée d’Euphytose. Mais il y a aussi, des séquences bien ennuyeuses sur ces jolies bestioles… ce qui amène cette question sans réponse : « Comment fait-on quand on veut écrire le roman du réel, aujourd’hui ? »

Un livre où chacun trouvera sa vérité, en fonction de ce qu’il veut en dégager en priorité.

 

« A peine arrivés, je m’en souviens parfaitement, nous nous étions placés sous la protection des arbres. Nous en avions beaucoup ajouté. Nils avait un carnet où il notait ses plantations. On avait commencé par là. Par les arbres et les arbustes. Parce qu’il ne s’agissait pas seulement de se barrer dans les montagnes, mais aussi de ne pas se faire rattraper par les poursuivants. Depuis, ces arbres et ces arbustes ont si bien poussé qu’aujourd’hui les satellites de Google Earth n’arrivent plus à transpercer leur canopée. Nous y laissant hors contrôle, libres, en compagnie des poètes, dont les taoïstes chinois, mes préférés. Toujours ivres. Et de leurs livres, beaucoup d livres. Et des lièvres. »

 

 

claudie hunzingerClaudie Hunzinger   Les Grands cerfs   Grasset – 191 pages -